Le terme « cannabinoïde » désigne toute substance chimique capable de se lier aux récepteurs du corps humain qui constituent le système endocannabinoïde. Il en existe de trois sortes : les cannabinoïdes endogènes, les phytocannabinoïdes et les cannabinoïdes de synthèse. Les premiers sont naturellement présents dans le corps, les seconds sont naturellement présents dans les plantes, notamment dans le chanvre mais pas uniquement, et les troisièmes sont des molécules de synthèse créées en laboratoire.
Des « cannabinoïdes » au système endocannabinoïde
A l’origine, le terme « cannabinoïde » était utilisé pour désigner certaines composantes chimiques du chanvre dont le THC, qui fut isolé et synthétisé pour la première fois en 1964 par le professeur israélien Raphael Mechoulam. Dans les années 80, le gouvernement américain finança des études pour tenter de comprendre l’effet du THC sur le cerveau. C’est à cette occasion que les scientifiques américains Allyn Howlett et William Devane découvrirent des récepteurs spécifiques – conséquemment appelés récepteurs cannabinoïdes – auxquels se lie la molécule de THC et au travers desquels elle agit.
Les docteurs israéliens Lumir Hanus et Raphael Mechoulam et le chercheur américain Willian Devane ont déduit de cette découverte l’existence de molécules similaires au THC dans l’organisme. C’est ainsi qu’en 1992, ils découvrirent le premier cannabinoïde dit endogène : l’anandamide. L’étude des cannabinoïdes endogènes et exogènes a ensuite conduit à la découverte de tout un système de signalement moléculaire impliqué dans la régulation d’une large gamme de fonctions biologiques : le système endocannabinoïde.
Le système cannabinoïde endogène
Le système endocannabinoïde est constitué des récepteurs cannabinoïdes et de leurs liants naturels (endocannabinoïdes). Il inclut également les enzymes responsables de la métabolisation et de la dégradation des endocannabinoïdes dans l’organisme. Il est impliqué dans l’homéostasie du corps qui est le processus par lequel l’organisme maintient un équilibre interne en dépit des variations extérieures. En d’autres termes, il joue un rôle de régulateur.
Lorsqu’un déséquilibre est détecté par l’organisme, celui-ci produit des endocannabinoïdes spécifiques qui ont pour fonction d’activer les récepteurs cannabinoïdes placés sur la surface des cellules. Au travers des récepteurs, la détection du déséquilibre est communiquée aux cellules qui adaptent leur comportemen. L’activation des récepteurs peut entrainer la modification de la physiologie de la cellule, de sa motilité, de son fonctionnement synaptique et de sa transcription des gènes ; elle stimule une réaction chimique qui ramène le processus physiologique à l’équilibre homéostatique.
Ce mécanisme de signalement biochimique joue un rôle dans de nombreuses fonctions essentielles du corps humain comme la régulation de l’appétit, la digestion, la douleur, l’énergie, le sommeil, les fonctions motrices, les fonctions reproductrices, le plaisir ou la régulation de la température corporelle.
Les principaux récepteurs cannabinoïdes sont les récepteurs CB1 et CB2. Les premiers sont majoritairement présents dans le cerveau, au niveau du système nerveux central. Les seconds sont plutôt associés au système immunitaire et se concentrent dans des organes comme l’intestin, la rate ou le foie. Ceci-dit, on trouve des récepteurs CB1 et CB2 un peu partout dans le corps.
Concernant les endocannabinoïdes, les plus étudiés et les plus bioactifs sont l’anandamide (arachidonyl ethanolamide ; AEA) et le 2-arachidonoylglycerol (2-AG). Cependant, il en existe bien d’autres. Il existe également d’autres récepteurs qui interagissent avec les cannabinoïdes (récepteurs CB3, récepteurs vanilloïdes, canaux TRP, PPAR etc.).
Chanvre et cannabinoïdes
Le chanvre contient plus d’une centaine de cannabinoïdes déjà identifiés. Ils sont produits par les trichomes, ces glandes résineuses qui recouvrent les fleurs et certaines feuilles de la plante à l’état mature. Ils sont présents en quantité variable selon le degré de maturation de la plante, les conditions de culture et la variété de chanvre. Typiquement, le chanvre se distingue du « cannabis » par son faible taux de THC (< 0,3%). En retour, il est souvent plus riche en CBD.
Pour l’instant, l’attention des scientifiques se concentre sur le THC et le CBD qui sont les cannabinoïdes les plus abondants et les mieux connus. Cependant, il en existe bien d’autres parmi lesquels : le THCA, le CBDA, le CBDV, le CBG, le CBN, le THCV etc. Lorsque le chanvre est consommé, les phytocannabinoïdes interagissent avec les récepteurs du système endocannabinoïde. S’ils provoquent un récepteur à agir de la même façon qu’une molécule endogène, ils sont dits agonistes. S’ils entravent l’interaction d’un récepteur avec une molécule endogène, ils sont dits antagonistes.
La découverte du système endocannabinoïde est récente et son fonctionnement est encore mal connu mais on sait d’ores et déjà qu’une déficience de ce système (déficience endocannabinoïde clinique) peut occasionner des troubles divers. Par conséquent, l’interaction des phytocannabinoïdes avec les récepteurs cannabinoïdes est devenue une préoccupation centrale de la recherche. La prise de cannabinoïdes exogènes pourrait pallier un manque de production d’endocannabinoïdes ou simplement stimuler le système. Des médicaments à base de cannabinoïdes (phyto- ou de synthèse) existent déjà pour traiter la sclérose en plaque et l’épilepsie.